Seung-Hwan Oh
Biographie
Né en 1970, l’artiste sud-coréen Seung-Hwan Oh vit et travaille entre Arles et Séoul, sa ville natale. Il a étudié le cinéma et la photographie au Hunter College de New York. À travers ses travaux, ce photographe et réalisateur explore « l’impermanence de la matière ainsi que les limitations matérielles de la photographie », nous explique-t-il. Dans sa série « Impermanence », Seung-Hwan Oh utilise la dégradation comme outil artistique et se concentre sur ce qui est éphémère, offrant une belle réflexion sur l’idée du changement et de la disparition au fil du temps. Seung-Hwan Oh se concentre sur la mise en œuvre de la croissance microbienne sur le film comme moyen d'explorer l'impermanence de la matière ainsi que les limites matérielles de la photographie.
SEUNG-HWAN OH Impermanence_Untitled(Monamour) 2012 150x150 cm Microbial culture on the developed film, Pigment Print
SEUNG-HWAN OH Impermanence_Untitled(DavidHyun) 2013 150x150 cm Microbial culture on the developed film, Pigment Print
SEUNG-HWAN OH Impermanence_Untitled(Haily) 2013 150x150 cm Microbial culture on the developed film, Pigment Print
SEUNG-HWAN OH Impermanence_Untitled(Monamour) 2012 150x150 cm Microbial culture on the developed film, Pigment Print
Seung-Hwan Oh, Impermanence_Unknown, 2017 150 x 100 cm, Microbial culture on the developed film, Pigment Print
Seung-Hwan Oh, Impermanence_Unknown, 2018,150 x 100 cm, Microbial culture on the developed film, Pigment Print
Seung-Hwan Oh, Impermanence_Unknown, 2018, 150 x 100 cm, Microbial culture on the developed film, Pigment Print
Quelles sont vos influences ?
Il y en a tellement, mais si je devais choisir ça serait la vie elle-même.
A quel mouvement artistique, philosophique pensez-vous appartenir ?
Je n'ai jamais réfléchi au mouvement auquel je pouvais appartenir car je ne trouvais pas ça intéressant. Toutefois, j'aime les enseignements taoïstes car ils ne me demandent pas de changer ma manière de penser ou mon attitude envers la vie, et surtout, ils apportent du réconfort à cette existence amère.
Pouvez-vous nous dire qu'est ce que la notion d'IN-VISIBLE vous inspire, dans l'art, ou en général ?
En tant qu'artiste visuel, j'utilise la représentation visuelle pour faire émerger chez les spectateurs les pensées et visions qu'ils ne peuvent pas voir à travers leurs propres yeux. La compréhension et l'incompréhension du spectateur sont aussi importantes que mon intention, sur tout sujet. En ce sens, IN-VISIBLE est alignée à ma façon de travailler.
Pouvez-vous nous décrire votre processus et comment cette idée vous est apparue ?
Je fais pousser de la moisissure sur une pellicule à couleur inversible. Ensuite, j'arrête le processus quand je sens que la moisissure a assez détruit l'image. Puis, je nettoie méticuleusement la surface de la pellicule avant de la scanner. Pour finir, j'imprime l'image. J'ai d'abord découvert les lois de la thermodynamique dans un livre de sciences en école primaire, mais c'est seulement pendant la trentaine que j'ai étudié la deuxième loi de la thermodynamique, l'entropie, et je l'ai trouvée remplie de sens philosophique. Je voulais trouver un moyen afin d'exprimer cela par la photographie et expérimenter avec les propriétés de la photographie et les réactions biochimiques des fonges.
Interview
En quelques mots
Une image est « une surface signifiante sur laquelle apparaissent des éléments, lignes, couleurs, formes diverses, qui entretiennent des relations ne relevant pas de la logique verbale et textuelle, mais d’une dimension « magique ». Cependant que se passe-t-il lorsque cet ensemble de signes tend à disparaître ? En effet, dans le travail photographique de Seung-Hwan Oh, le visible s’efface. Ce qui compose la matérialité de l’image est en fait attaqué, rongé au niveau même de la pellicule.
Ce procédé, après plusieurs années, dévore lentement la pellicule.
À une époque où la création des images est simplifiée et leur présence amplifiée, Seung-Hwan Oh les maltraite comme s’il voulait les rendre malades. Ou révéler la maladie dont elles sont porteuses. Pour cela, tel un microbiologiste, il développe un champignon, ou plutôt une bactérie qu’il dépose sur le film photographique. Ce procédé, après plusieurs années, dévore lentement la pellicule. Au tirage, l’image n’est plus seulement ce qui apparaît sur la surface mais aussi ce qui s’efface, ce qui disparaît, révélant une sorte d’assèchement et de tarissement de l’image.
Ce projet a nécessité, pour l’artiste, près de dix ans de réflexion, durant lesquels il aperfectionné et tenté d’apprivoiser toujours un peu plus ce processus. La poésie de sadémarche et de ses images réside dans ce laisser-aller, dans cette incertitude. Ne maîtrisant pas complètement le processus, il demeure pourtant maître du désordre et chaos qu’il cultive avec une telle précision qu’il permet de conférer une vulnérabilité, voire une fragilité à ses portraits. Car sur l’image avant qu’elle ne soit livrée aux microbes, il y a des visages.
Il est difficile alors de ne pas penser au roman d’Oscar Wilde en découvrant ce travail. À l'instar de Dorian Gray, ces portraits, capture d’un instant déjà évanoui, condensent cependant en eux une durée immense qui fait que lorsqu’on les révèle ils sont devenus méconnaissables.
À travers l’incarnation de la beauté masculine dont témoigne le portrait de Lord Henry, c’est une angoisse face au passage du temps qui est rendue sensible. Cependant dans le roman, le paraître inscrit un nouveau type de rapport à l’existence et à la temporalité dans lequel la perfection physique serait la clef permettant de se jouer du temps. En réalité la trace, laissée par le jeune éphèbe, sera, seule, celle de cette quête vaniteuse d'éternité et de tentative de résistance au temps.
Pour Seung-Hwan Oh, les portraits relèvent moins du narcissisme que d’une crainte face au risque de la disparition de l’homme. À la manière des vanités européennes des XVII et XVIIIème siècle, il propose, avec finesse, une méditation sur le caractère éphémère et vain de la nature humaine. La filiation avec ce genre pictural, est ici aussi le fruit d’une réflexion intense.
Haily Grenet Art Critic
Impermanences
Seung-Hwan Oh, artiste sud coréen, a étudié le cinéma et la photographie au Hunter College de New York de 1992-1995. Il vit et travaille aujourd’hui entre Arles et Séoul, sa ville d’origine. Dans son travail, Seung-Hwan Oh explore « l’impermanence de la matière ainsi que les limitations matérielles de la photographie ». L’impermanence ? l’artiste a commencé à travailler sur ce sujet - et la série éponyme - après avoir lu en 2010 un article de la BBC au sujet des bactéries qui menaçaient de détruire des archives de films historiques. Suite à cette découverte en 2012 il commence alors la mise en œuvre de la croissance microbienne sur ses images.
L’artiste, qui s'interroge sur les notions de périssable, de temporalité et de changement, fait donc de la dégradation et des altérations de la matière un outil artistique à part entière, un médium qu’il met à profit, laissant agir les bactéries sur et dans l’image, avec pour conséquence, au premier regard, un trouble visuel.. Il nous offre alors une réflexion très profonde et philosophique qui évoque tout à la fois et sans nul doute les concepts de vanité, memento mori, mais encore de wabi-sabi.
Impermanence Untitled et Impermanence Unknown, deux séries distinctes bien qu’intrinsèquement reliées, résonnent particulièrement bien avec nos questionnements sur les notions du visible et de l’invisible dans l’art, leurs complexités, leurs nuances.
Impermanence Untitled est constituée uniquement de portraits dont les visages ont été partiellement, voire totalement rongés par les bactéries. Impermanence Unknown quant à elle, se concentre sur les corps, uniquement, et non plus les visages. Différence manifeste.
L’ensemble des tirages regroupe néanmoins des similitudes telles que les tâches de couleur à l’aspect presque huileux, voire aqueux, parfois des circonvolutions organiques, volutes et entrelacs, qui masquent plus ou moins les visages et les corps présents sur les photographies originelles. Ils donnent une impression d’une disparition de la figure, sensation presque mystique, comme si les corps s'évaporaient dans un nuage de fumée. Il y a cependant un doute qui subsiste. Un doute qui peut, dans un premier temps, nous amener à penser que les corps sont en train de s’absenter, ou à l’inverse en train d'apparaître, de se générer lentement, laissant place à un corps mutant.
Avant d’indiquer par quels moyens l’artiste obtient ces effets pour le moins spéciaux, il est important de constater que dans les deux cas, les images, bien qu’elles soient le résultat du même procédé plastique, sont chacune totalement uniques. Aucune ne ressemble à une autre. Elles ont chacune développé leur propre esthétique, leurs propres nuances colorées. Nous pourrions parler d’une transformation achéiropoïète, autrement dit qui ne serait pas produite par la main de l'homme, quoi qu’ici non surnaturelle puisque l’artiste lui-même introduit la bactérie (des champignons). L’altération - après introduction - se fait de manière totalement libre et aléatoire, jusqu’à ce que l’artiste intervienne pour la stopper. Le champignon, l’autre vivant, devient le co-créateur. Les espaces et les temps (de l’artiste, des champignons) se tressent.
Il semble pertinent de se pencher sur l’une des images en particulier afin d’aller encore plus loin dans nos observations et notre analyse : Impermanence Untitled (Monamour). Il s’agit d’un portrait réalisé en 2012. Mais il s’agit plus spécifiquement d’un des premiers portraits qu’il ait trouvé satisfaisant, ce qui lui confère une place singulière. Suffisamment pour faire œuvre et continuer.
C’est l’une des images ayant les couleurs les plus vives. Même s’il nous est impossible de distinguer le visage du modèle, ni de savoir si l’artiste voulait faire une référence, le vert de ses cheveux et le rose fuchsia presque violet de sa veste peuvent nous rappeler le personnage emblématique de l’univers de Batman : Le Joker, personnage de fiction inspiré par le bien réel tueur en série John Wayne Gacy, et comme on le sait par le contexte social, politique et économique du milieu du XXe siècle. Hypothèse bien sûr ! Car la figure n’est pas assez présente, dans le visible, pour nous le confirmer. Nous ne pouvons que spéculer sur l’identité du personnage sans pouvoir formellement l'identifier.
Une référence au Portrait de Dorian Gray pourrait encore être faite, d’autant plus que dans le roman d’Oscar Wilde, le portrait capture un temps révolu. Après avoir vendu son âme au diable dans le but de rester éternellement jeune et beau, Dorian voit peu à peu son portrait sombrer dans l’horreur. En effet, la mauvaise influence de son ami le poussa à commettre d'innombrables péchés, ceux-ci se mirent à transparaître sur la toile, rendant ainsi son portrait - auparavant parfait - de plus en plus hideux. Lorsqu’il est révélé au public, le visage du modèle est devenu totalement méconnaissable. C’est l'incarnation de la beauté humaine absorbée par le temps. Cependant il est question d’une nouvelle relation entre l’existence et la temporalité ou la quête de la beauté éternelle se répercute de manière dramatique sur le portrait. Cette conséquence fait alors écho au memento mori et aux Vanités européennes, qui nous rappellent que rien n’est permanent, que tout fuit, inéluctablement. Leçon sur la précarité de l’existence. La vie, elle, continue.
Pour la série Impermanence Untitled, l’artiste nous parle de destruction. Il stoppe effectivement le processus quand la figure est, d’après lui, assez « détruite ». L’altération déforme la figure qui change d’aspect, et devient plus monstrueuse qu'humaine. Cependant cet aspect monstrueux de la transfiguration peut aussi être dû à un hasard de la nature, une volonté cachée, invisible mais qui pourtant aurait réussi à prendre le dessus. Ainsi pourrait-on établir un autre lien avec une référence littéraire célèbre : L’étrange cas de Dr Jekyll et de Mr Hyde. Dans ce cas, le docteur Jekyll voulant séparer le bon côté de sa personnalité du mauvais, se retrouve effacé/absorbé par son monstrueux double Mister Hyde. « Hyde », homophone de « hide », signifiant en anglais « dissimulé ». Nous pouvons alors nous dire que la partie cachée de la figure - et donc invisible - aurait réussi à surgir dans le visible, rendant alors invisible ce qui auparavant l’était. Les rôles sont alors inversés, nous ne pouvons plus voir la forme humaine du portrait, mais seulement le monstre revenu à la surface visible par le biais de l’altération de l'image : « la forme, c’est le fond qui remonte à la surface » (V. Hugo).
Ces portraits déconstruits, défigurés, peuvent également nous renvoyer aux figures de Francis Bacon. Le peintre utilise la défiguration, la distorsion pour révéler la force vitale du sujet, une force invisible qui se révèle par le figural, c’est-à-dire « l’expression d’une réalité en excès » (G.Deleuze). En captant ces forces par la déformation, l’artiste la rend visible. Par le biais de l’altération est alors révélée une vérité autrefois dissimulée par le figuratif.
L’intervention microbienne dans la transformation peut aussi nous évoquer la philosophie taoïste suivante : « la vérité est dans le retour à la nature », et le concept esthétique wabi-sabi, qui s’en inspire. « Le wabi fait référence à la plénitude que l’on éprouve face aux phénomènes naturels, et le sabi, la sensation face aux choses dans lesquelles on peut déceler le travail du temps ou des hommes ». Ce concept esthétique correspond au procédé utilisé par l’artiste. En effet, la nature et l’artiste s’allient pour créer cette déformation. C’est le phénomène naturel qui agit sur les différentes images, et c’est l’homme qui intervient pour arrêter le procédé. Le champignon est co-créateur. Il crée un corps hybride, des motifs nouveaux, entre le corps augmenté et le corps décoré. Le champignon, un vivant peu visible ou in-visible à l'œil nu, qui habite l’image et qui est rendu visible par ce qu’il fait apparaître sur celle-ci. Laissant la nature agir sur les tirages, la part invisible qui était dissimulée dans l’image, par le figuratif, se laisse deviner, grâce à ce corps vivant qui le révèle.
Pour continuer sur/dans notre voie/quête de l’« in-visible » évoquons Impermanence Unknown, réalisée en 2017. Encore une fois nous avons à faire à des images toujours très colorées, bien qu’elles apparaissent cette fois moins vives, légèrement plus délavées, comme si l'artiste avait utilisé de l'aquarelle sur ses photographies. Nous pourrions comparer cela à des lavis, technique picturale dont nous connaissons bien les usages en Chine, associant les encres, noires ou de couleurs, et l’eau dont les effets de porosité, d’absorption, de transparence, pourraient symboliser la lente dégradation de la nature montrant l’inévitabilité furtive du changement.
Les variations de couleurs et les nuances de matière des lavis peuvent aussi évoquer les chakras, autrement dit le déplacement des énergies et fluides dans le corps. On considère que ce sont des centres par lesquels l'énergie vitale circule au sein du corps humain et en dehors. Ils servent de lien entre la partie spirituelle de l'homme (la conscience provenant de l'âme) et ses corps (physiques et subtils). Les couleurs peuvent également rappeler « le renouvellement annuel de la nature au printemps (..) et le cours ascendant de l’évolution biologique ». La représentation du corps féminin ramène instantanément à l’idée de Nature, Terre-Mère, Gaïa, Pachamama. Dans cette mesure nous pourrions penser que l’altération ne vient pas effacer son sujet, mais au contraire, en dévoiler sa véritable essence.
L’apparence marbrée du lavis soulève d’autres références. Les vertus du marbre sont en effet la protection, l’ancrage. Selon les lithothérapeutes, il diffuse une énergie douce qui dissout la tristesse et les peurs et apporte de la force et du soutien : métaphore de la mère, encore. Dans la même idée nous pouvons aussi penser au papier marbré, lui même trouvant son origine d’abord au Japon avec le suminagashi, ancêtre de la marbrure, ou encore aux tranches d'agates, dont les propriétés spirituelles peuvent agir sur la chance et encore l’ancrage. Ses propriétés ? L’équilibre physique, émotionnel et intellectuel. Elle permet à celles et ceux qui la portent de pallier tout type de blocage énergétique.
Si elles nous font penser aux pierres précieuses, à des formations microscopiques, ces marbrures nous font aussi penser à des formations macroscopiques. En effet ces couleurs vives et ces éclats nous amènent à une inévitable comparaison avec les phénomènes célestes, galaxies, nébuleuses, entre autres. Taoïsme, à nouveau. Cette philosophie s’intéresse à la relation entre les plans macrocosmiques et microcosmiques de l’existence, considérant le macrocosme comme l’univers et le microcosme comme notre existence individuelle. Selon les mythes, le microcosme qu’est le corps humain reproduirait la totalité de l’univers. Le lien entre le corps humain et les éléments célestes - l’univers - est alors évident, comme dans les images d'Impermanence Unknown.
Les images, déclencheurs mnésiques et esthétiques, nous renvoient encore à une problématique d’actualité : l’impact du monde virtuel sur notre perception du réel. Effectivement, le fait que l’image soit déformée pourrait fonctionner comme message concernant notre époque où les réseaux sociaux forgent l’image que nous nous faisons sur nous-même, sur notre propre corps. Une vision biaisée, Internet n’étant vision tronquée de la réalité, filtrée. Sa série Impermanence Unknown pourrait comporter une dimension critique.
En somme, l'œuvre Impermanence, de Seung-Hwan Oh, mêle photographie et biologie. La transformation par la croissance microbienne vient-elle effacer ou dévoiler le sujet ? La nature fait disparaître l’humain, être éphémère, capturé par la photographie. Elle nous rappelle l’inévitable furtivité du changement. L’artiste laisse la nature dégrader le sujet, il la laisse agir sur l’humanité. Peut-être vient-elle révéler la vérité ? L’altération lève le voile du visible pour découvrir ce qui se cache sous cette surface. Un voile invisible que l’on porte tous les jours, dans notre société modernisée et virtualisée. En détruisant ces images par la propagation du champignon, l'artiste s’est inspiré de l’entropie, dont le sens littéral signifie « action de se transformer », on peut en observer son double sens : la dégradation de l’énergie, ici de l’image, ou de l’humain, ainsi que la croissance du désordre « le chaos qu’on cultive ne fait que croître ». La déformation représente-t-elle la force vitale, force invisible, le cri de la souffrance de l’humanité, qui tend vers sa perte ? L’humain est présenté entre disparition et apparition. Entre visible et invisible. La nature pourrait venir révéler notre véritable identité, faire réapparaître notre nature humaine, devenue invisible. Complexité du monde et de l’existence…
2 Alfred North Whitehead, The function of reason, Beacon Pr. Clean Contents édition, 1971.